Comment se débarrasser d’un blaireau dans votre jardin
Ah, le jardin… ce petit paradis vert où l’on espère récolter quelques tomates juteuses, admirer ses fleurs ou simplement s’allonger à l’ombre d’un arbre. Mais voilà que, du jour au lendemain, votre havre de paix se transforme en champ de bataille : pelouse retournée, potager piétiné, trous suspects çà et là. Et le coupable ? Un blaireau.
Oui, ce sympathique mammifère à la bouille rayée qui fait les beaux jours des documentaires animaliers. Sauf que chez vous, il a décidé de faire un festival de creusage façon travaux publics. Alors que faire pour éloigner ce squatteur sans provoquer un divorce avec Mère Nature ? C’est ce que je vous propose de voir ensemble, avec quelques astuces bien senties, comme on les aime sur Belle-Astuce.
Mais d’abord : pourquoi un blaireau dans votre jardin ?
Avant de dégainer votre arsenal de défense, mieux vaut comprendre pourquoi ce charmant animal a élu domicile chez vous. Le blaireau européen (Meles meles pour les intimes) est nocturne, discret et plutôt peureux. Il cherche un endroit calme pour creuser son terrier, appelé blaireautière, et profiter d’un garde-manger généreux.
Si vous avez :
- Un jardin en bord de forêt ou de haie ;
- Un sol meuble (parfait pour creuser) ;
- Des vers de terre, escargots, fruits tombés, ou même des poules… ;
- Et surtout peu de passage humain la nuit…
Alors félicitations, votre jardin est un club Med pour blaireaux !
Mais aussi mignon soit-il, ce colocataire peut faire d’importants dégâts. Heureusement, il existe des solutions respectueuses de l’animal et efficaces pour l’inciter à plier bagage.
Identifier sa présence (et ne pas accuser le hérisson à tort)
Avant toute chose, assurez-vous qu’il s’agit bien d’un blaireau. Ils sont parfois confondus avec d’autres animaux fouisseurs comme les renards ou les hérissons. Or, on ne va pas déclarer la guerre à un innocent !
Voici quelques indices qui ne trompent pas :
- Des trous creusés en forme de « D couché » (le blaireautière a une entrée bien reconnaissable) ;
- Des tas de terre assez importants, à l’inverse d’un renard qui ratisse plus proprement ;
- Des excréments déposés dans des petites cuvettes ;
- Des traces de griffes (ils ont cinq doigts avec de sacrés ongles) ;
- Des dégâts nocturnes, jamais observés en journée (le blaireau déteste les foules).
Un petit tour de votre jardin tôt le matin, ou une caméra nocturne (eh oui, on bricole aussi côté techno chez Belle-Astuce avec mon vieux piège photo), et vous saurez rapidement si c’est lui le visiteur mystère.
Des solutions naturelles (et légales)
Le blaireau est une espèce protégée dans de nombreuses régions de France. Inutile donc de sortir les grands moyens ou de penser à la solution « définitive ». Ce serait non seulement cruel, mais aussi illégal.
Voici quelques pistes douces, mais redoutablement efficaces pour le faire fuir… en douceur.
1. Rendez votre jardin moins accueillant
Le blaireau aime la tranquillité et la discrétion. C’est un animal qui fuit l’agitation comme moi je fuis les rayons des grands magasins le jour des soldes :
- Installez une lumière à détection de mouvement : l’éclat soudain le découragera rapidement.
- Diffusez des sons de radio la nuit, à faible volume : les voix humaines le mettront sur la défensive.
- Laissez de temps à autre votre chien dehors (s’il ne fait pas plus de câlins qu’il n’aboie) ou déposez quelques touffes de ses poils autour du jardin.
Vous verrez, quelques soirs de lumière disco et un zeste de RTL suffisent parfois à retrouver la paix.
2. Protégez les zones de votre jardin les plus sensibles
Si le blaireau vient surtout retourner votre potager en quête de vers, une protection ciblée suffira peut-être :
- Un grillage enterré d’au moins 30 cm de profondeur, car le gaillard gratte comme un pro ;
- Un paillage épais ou du filet tendu sur les zones sensibles ;
- Des pots de confiture vides, enterrés à ras du sol et légèrement inclinés : en tombant dedans (sans danger), certains animaux fuiront ce terrain piégé.
Et si vous apercevez un sentier battu, un chemin emprunté régulièrement, tentez de le perturber en plaçant des obstacles comme des branchages épais ou de petits pièges olfactifs (citron, huile essentielle de menthe poivrée, vinaigre). Son petit nez n’appréciera pas du tout cette odeur forte.
3. Pensez au répulsif… mais naturel
Il existe en jardinerie des solutions à pulvériser, à base de substances naturelles comme l’ammoniac ou des huiles essentielles fortes. Mais pour les adeptes du fait-maison, voici deux recettes qui ont fait leurs preuves :
- Le spray au piment fort : faites infuser des piments rouges dans de l’eau bouillante, laissez refroidir, filtrez, puis pulvérisez autour des terriers ou des zones de passage.
- Le marc de café + citron râpé : un combo déconseillé par les blaireaux, à disposer régulièrement au sol dans les allées qu’il emprunte.
Attention toutefois à ne pas déranger d’autres animaux utiles du jardin et à vérifier que vos amis chats ou chiens ne risquent rien.
Et si le terrier est déjà là ?
Il arrive parfois que le blaireau soit déjà bien installé. Il a construit une vraie maison sous votre cabanon, avec chambres, couloirs, et même une ventilation naturelle. Là, c’est un peu plus délicat.
Dans ce cas :
- Ne tentez jamais de le boucher de force : non seulement il pourrait ouvrir un autre passage (dans votre cheminée, qui sait !), mais vous risqueriez de l’enfermer accidentellement.
- Déposez pendant plusieurs semaines des éléments perturbateurs autour de l’entrée : lumières, odeurs, présence humaine.
- Observez si le blaireau migre de lui-même – ce qu’il fait souvent s’il est trop dérangé.
Astuce de vieux briscole : j’ai déjà dissuadé un blaireau à rester en plaçant un vieux poste radio (à pile) jouant de la musique baroque. Il a dû trouver le clavecin de trop…
Si malgré toutes ces tentatives le locataire est toujours là et commence à poser problème (effondrement sous une terrasse, proximité trop forte), contactez votre mairie ou une vétérinaire spécialisée dans la faune sauvage. Il existe parfois des solutions de relocalisation encadrées.
Entre cohabitation et prévention : mieux vaut prévenir (sans creuser)
Une fois que votre jardin a été déserté par le blaireau, autant éviter une future réservation. Voici quelques habitudes simples à adopter :
- Ne laissez pas traîner les fruits tombés au sol (les pommes blets sont son dessert préféré) ;
- Ramassez les restes de nourriture ou compost non protégé ;
- Bouchez les passages souterrains naturels ou anciens terriers ;
- Aménagez une clôture avec un retour incliné vers l’extérieur et un grillage enterré pour bloquer de futurs intrus.
Un jardin sécurisé, bien entretenu, visible et animé la nuit est rarement la cible d’un blaireau.
Et si on apprenait à l’aimer (un peu) ?
Bon, je vous vois venir : “il nous creuse des cratères dignes de la Lune, et Jeff veut qu’on l’apprécie ?” Et pourtant… c’est un animal discret, propre (oui, il évacue dans des latrines, plus propre que certains humains au parc), et précieux pour l’écosystème. Il aide à réguler les populations d’insectes, de limaces et de rongeurs.
Alors si jamais il s’installe un peu plus loin, pourquoi ne pas lui laisser un petit coin de nature pour vivre en paix ? Il existe même des jardiniers passionnés qui créent des “jardins-refuges” pour ces espèces pourtant en déclin.
Mais en attendant, si c’est votre potager qu’il prend pour un buffet à volonté… vous êtes désormais armé(e) pour reprendre la main – sans sortir les griffes.
Et vous, avez-vous déjà croisé un blaireau dans votre jardin ? Racontez-moi vos anecdotes en commentaire, qu’on compare nos tactiques !


