Moteur electrique voiture retrofit : comment réussir la conversion de votre ancien véhicule pas à pas
Pourquoi convertir son ancienne voiture en électrique ?
Vous avez une vieille voiture qui roule encore bien, mais qui commence à être mal vue en ville à cause des zones à faibles émissions (ZFE) ? Plutôt que de la vendre pour une bouchée de pain, pourquoi ne pas lui offrir une seconde vie… électrique ?
Le retrofit, c’est tout simplement la conversion d’un véhicule thermique (essence ou diesel) en véhicule 100 % électrique grâce à un kit homologué. En France, c’est autorisé depuis 2020, sous certaines conditions. Et quand c’est bien fait, on peut garder sa voiture chérie… tout en gagnant en confort et en réduisant ses coûts d’usage.
Dans cet article, on va voir comment ça se passe, étape par étape, avec des conseils concrets, des astuces de bricoleur, et aussi quelques mises en garde. Car oui, on parle quand même de transformer une voiture : ce n’est pas un meuble IKEA.
Le retrofit, c’est pour qui ?
Avant d’attaquer les clés de 13 et les moteurs électriques, une première question : est-ce que votre voiture est éligible au retrofit, au moins sur le papier ?
En France, la réglementation encadre assez strictement la pratique. En résumé :
- Le véhicule doit avoir au moins 5 ans (utilitaires légers : 3 ans).
- On ne touche pas à la structure (châssis, caisse) : on remplace la mécanique, pas la voiture.
- Le kit doit être homologué pour le type de véhicule (ou une famille de modèles proches).
- Le poids et la puissance doivent rester raisonnables : pas question de transformer une vieille citadine en dragster électrique.
En pratique, les voitures les plus intéressantes à convertir sont :
- Les petites citadines (Clio, 205, Twingo, Saxo, etc.) utilisées au quotidien sur de courts trajets.
- Les véhicules de collection dont on veut prolonger la vie en ville (2CV, Coccinelle, anciennes Fiat, etc.).
- Les utilitaires légers de artisans qui roulent surtout en local.
Plus la voiture est simple et légère, plus la conversion sera techniquement facile et efficace. Une grosse berline lourde avec plein d’électronique d’origine sera plus compliquée… et plus coûteuse.
Combien ça coûte, vraiment ?
On ne va pas se mentir : le retrofit, ce n’est pas (encore) une solution bon marché pour tout le monde. Le prix dépend de plusieurs éléments :
- Le type de véhicule (citadine, utilitaire, voiture ancienne).
- La capacité de la batterie (autonomie visée).
- Le type de motorisation électrique (puissance, marque, complexité).
- La main-d’œuvre (atelier spécialisé, région, etc.).
En 2024-2025, on trouve des tarifs moyens :
- Entre 10 000 et 15 000 € pour une petite citadine avec une autonomie modeste (80 à 150 km).
- Entre 15 000 et 25 000 € pour des véhicules plus gros, utilitaires ou voitures de collection haut de gamme.
Il existe des aides financières dans certains cas : bonus écologique retrofit, aides locales (régions, collectivités), prime à la conversion sous conditions. Ça peut réduire significativement la facture, surtout si votre voiture roule principalement en ZFE.
Est-ce que ça « vaut le coup » ? Tout dépend :
- De l’état et de la valeur sentimentale ou patrimoniale de votre véhicule.
- De votre usage (beaucoup de petits trajets, domicile-travail, ville).
- De vos coûts actuels : carburant, entretien d’un vieux moteur, restrictions de circulation, stationnement.
Si vous voyez votre voiture comme un simple outil, il sera parfois plus rentable d’acheter directement une petite électrique d’occasion. Si vous aimez votre auto, que vous voulez la garder longtemps, et que vous êtes sensible à l’écologie et à l’économie circulaire, le retrofit prend tout son sens.
Étape 1 : choisir le bon projet (et le bon véhicule)
Avant de rêver de moteur électrique qui ronronne en silence, il faut poser les bases. Posez-vous ces quelques questions :
- Quel usage réaliste ? Trajets quotidiens de 20 km ? Longs week-ends sur autoroute ?
- Quelle autonomie minimale ? 80 km peuvent suffire en usage urbain, 150 à 200 km pour être plus serein.
- Quel budget maximum tout compris ? Retrofit + démarches + éventuels frais annexes (carte grise, assurance, etc.).
- Avez-vous un endroit pour recharger ? Prise domestique, garage, bornes publiques à proximité.
Ensuite, observez votre véhicule avec un œil un peu plus « bricoleur » :
- La carrosserie est saine ? Pas de rouille majeure sur les parties structurelles ?
- Les freins, suspensions et direction sont en bon état (ou au moins réparables à coût raisonnable) ?
- L’intérieur est correct : vous avez envie d’y passer encore quelques années ?
Retrofitter une voiture pourrie par la rouille ou fatiguée jusqu’à l’os n’a pas beaucoup de sens. L’objectif est de repartir sur une base solide, pas de maquiller une épave.
Étape 2 : comprendre ce qui sera changé (et ce qui reste)
Un retrofit électrique, en gros, c’est un « échange standard » entre :
- Ce qu’on enlève :
- Moteur thermique (essence ou diesel).
- Boîte de vitesses (parfois conservée, parfois supprimée selon les kits).
- Réservoir de carburant.
- Ligne d’échappement.
- Certains périphériques (radiateur, échappement, silencieux, etc.).
- Ce qu’on installe :
- Moteur électrique (généralement monté à l’avant, parfois intégré à la transmission existante).
- Pack de batteries (souvent sous le plancher, dans l’ancien compartiment réservoir, ou sous le capot).
- Contrôleur/convertisseur (le « cerveau » qui gère le moteur et la batterie).
- Chargeur embarqué (pour se brancher sur une prise ou une borne).
- Câblage haute tension, sécurités, coupe-circuit.
Ce qui reste en place :
- La structure de la voiture (châssis, caisse).
- Les trains roulants (suspensions, freins, direction), éventuellement améliorés.
- L’intérieur, les sièges, le tableau de bord (avec quelques ajouts : jauge batterie, instrumentation adaptée).
- Une partie du système de freinage, parfois assisté par la récupération d’énergie.
L’objectif est de respecter l’architecture globale du véhicule tout en lui greffant un nouveau cœur électrique.
Étape 3 : choisir entre faire soi-même et passer par un pro
Alors là, question sensible. Techniquement, si vous êtes un bricoleur très expérimenté, que vous touchez autant à l’électricité qu’à la mécanique, vous pouvez être tenté de tout faire vous-même, à l’ancienne, avec un moteur récupéré et des batteries d’occasion…
Mais dans le cadre légal français, si vous voulez rouler sur route en toute régularité, c’est une autre histoire.
Pour qu’un retrofit soit homologué :
- Le kit doit être homologué par l’UTAC pour un type de véhicule donné.
- L’installation doit être réalisée par un professionnel agréé (ou au minimum contrôlée et validée).
- Le véhicule doit passer par une réception à titre isolé (RTI) auprès de la DREAL (ou DRIEE/DEAL selon la région).
Dans les faits, pour un usage routier classique, la solution la plus réaliste est :
- Choisir un atelier spécialisé retrofit ou un installateur agréé.
- Utiliser un kit déjà homologué pour votre modèle (ou un modèle très proche).
- Suivre leur processus de A à Z : démontage, montage, tests, paperasse.
Peut-on bricoler soi-même ? Oui, à condition de :
- Limiter l’usage à un domaine privé (propriété, circuit) ou à un projet purement expérimental.
- Accepter le fait que vous ne serez pas en règle pour circuler sur la voie publique.
Pour un usage quotidien en ville, on reste donc sur du kit homologué posé par un pro. Ça n’empêche pas de suivre tout le chantier de près, de comprendre ce qui est fait et même de mettre un peu la main à la pâte sur les petites finitions si le garage est ouvert à ça.
Étape 4 : choisir le kit et les bonnes caractéristiques
Les kits de retrofit se multiplient, mais tous ne se valent pas. Quelques points à examiner de près :
- Puissance du moteur :
- Pour une petite citadine, 30 à 60 kW suffisent largement (équivalent 40 à 80 ch).
- L’idée n’est pas de faire une bête de course, mais une voiture agréable en ville et sur route.
- Capacité de batterie (en kWh) :
- 15 à 20 kWh : usage urbain, petits trajets, 80 à 120 km d’autonomie.
- 20 à 30 kWh : plus polyvalent, 120 à 200 km selon le véhicule.
- Poids ajouté :
- La batterie pèse lourd. Le kit doit respecter la masse maximale autorisée (MMA) du véhicule.
- Trop de poids = freinage et tenue de route à revoir.
- Type de refroidissement :
- Air ou liquide, selon la puissance et l’usage.
- Position des composants :
- Bon équilibre des masses : éviter une voiture « nez lourds » ou arrière surchargé.
Ne négligez pas non plus :
- La garantie : durée, kilométrage, conditions.
- La disponibilité des pièces : en cas de panne, dans 5 ou 10 ans.
- Le réseau d’ateliers partenaires : pratique pour l’entretien et les réparations.
Un bon installateur prendra le temps de vous expliquer les compromis possibles. Vouloir « trop » d’autonomie fait vite grimper le coût et le poids. Parfois, 120 km bien assumés et un usage malin de la recharge suffisent largement.
Étape 5 : les grandes étapes de la conversion
Voici, en simplifié, le déroulé d’un retrofit bien mené :
- Diagnostic de départ :
- Inspection complète de la voiture : structure, trains roulants, freins, électricité.
- Vérification de la compatibilité avec le kit.
- Démontage thermique :
- Retrait du moteur, de la boîte (si prévu), du réservoir, de l’échappement.
- Nettoyage du compartiment moteur, des passages de câbles, etc.
- Préparation châssis et trains roulants :
- Remise en état des freins (souvent fortement conseillée).
- Vérification / remplacement des amortisseurs si nécessaire.
- Installation du moteur électrique :
- Fixation sur d’anciens points moteur ou via un berceau adapté.
- Raccordement à la transmission (avec ou sans boîte de vitesses).
- Montage des batteries :
- Fabrication/pose de supports spécifiques, ancrés solidement.
- Protection mécanique et électrique (carters, blindages).
- Installation de l’électronique de puissance :
- Contrôleur, chargeur, câblage haute tension, coupe-circuits.
- Gestion des sécurités, relais, fusibles.
- Intégration dans l’habitacle :
- Jauge batterie, éventuellement écran de contrôle.
- Adaptation de la commande d’accélérateur.
- Tests et réglages :
- Essais sur banc ou sur route fermée.
- Vérification de la charge, de l’autonomie, de la récupération d’énergie au freinage.
C’est un vrai chantier mécanique et électrique, qui doit être rigoureux. Un câble mal fixé, une batterie mal protégée ou un calcul mal fait, et vous pouvez compromettre la sécurité générale du véhicule.
Étape 6 : démarches administratives et homologation
Une fois la voiture convertie, vous n’êtes pas encore prêt à partir en vacances.
Il faut :
- Constituer un dossier technique (souvent fait par l’installateur) : plans, certificats du kit, rapport d’installation.
- Passer une réception à titre isolé (RTI) auprès de la DREAL ou organisme similaire.
- Mettre à jour la carte grise : le carburant devient « EL » ou équivalent, avec mention électrique.
- Informer votre assureur de la nouvelle motorisation.
Un point positif : une fois la voiture officiellement électrique, vous pouvez bénéficier :
- De certains avantages de stationnement dans les villes (parfois gratuit ou à tarif réduit).
- D’un accès préservé dans les ZFE.
- D’un coût d’entretien plus faible sur le long terme (moins de pièces en mouvement, pas de vidange moteur, etc.).
Étape 7 : vivre au quotidien avec sa voiture rétrofitée
Une fois sur la route, vous allez redécouvrir votre voiture :
- Silence : fini le bruit de moteur, surtout en ville.
- Souplesse : un moteur électrique donne tout son couple dès les bas régimes.
- Moins de vibrations : surtout agréable sur les vieux modèles.
Quelques habitudes à prendre :
- Anticiper ses trajets :
- Garder un œil sur l’autonomie, éviter les marges trop justes.
- Repérer les bornes publiques sur vos trajets réguliers.
- Recharger intelligemment :
- Si possible, recharger la nuit sur une prise sécurisée (murale type Wallbox ou ligne dédiée).
- Éviter les décharges profondes trop fréquentes pour préserver la batterie.
- Entretenir ce qui reste mécanique :
- Pneus, freins, amortisseurs, direction : ça reste une voiture !
- Respecter les contrôles techniques périodiques.
Beaucoup de propriétaires témoignent d’un plaisir de conduite retrouvé. C’est la même voiture, le même tableau de bord, le même volant, mais avec un comportement plus moderne. Un peu comme si on avait mis un cœur neuf dans un corps qu’on aime bien.
Quelques astuces de bricoleur pour un projet réussi
Sans forcément tout faire vous-même, il y a des petites choses qui peuvent faire la différence.
- Profitez de la conversion pour remettre à neuf le reste :
- Changer les silent-blocs, les soufflets, les flexibles de frein.
- Nettoyer et protéger les zones à nu (antirouille, peinture).
- Soignez les masses et la connectique :
- En électrique, de bons contacts et une bonne masse évitent bien des pannes bizarres.
- Ne sous-estimez pas la documentation :
- Demandez tous les schémas, notices, docs d’entretien liés au kit.
- Notez les interventions faites, les références des pièces : votre futur vous vous dira merci.
- Pensez revente… même si vous voulez garder la voiture :
- Un retrofit propre, documenté, avec factures et suivi, se revendra beaucoup mieux qu’un bricolage approximatif.
Retrofit ou nouvelle voiture électrique : comment trancher ?
Si vous hésitez encore entre convertir votre ancienne voiture ou en acheter une nouvelle (ou d’occasion) déjà électrique, posez-vous ces quelques questions :
- Est-ce que j’aime vraiment cette voiture ?
- Si c’est juste un outil, une petite électrique d’occasion peut être plus simple.
- Est-ce qu’elle est saine et en bon état général ?
- Si tout est à refaire, le retrofit devient un gouffre financier.
- Est-ce que je préfère réutiliser plutôt que remplacer ?
- Le retrofit, c’est aussi un geste fort pour réduire le gaspillage.
- Est-ce que j’ai un installateur sérieux à portée de main ?
- La qualité de l’atelier est aussi importante que la qualité du kit.
Dans certains cas, la réponse sera évidente. Dans d’autres, il faudra sortir la calculette : coût total de possession, aides disponibles, valeur de reprise éventuelle, etc.
En résumé : une seconde vie électrique pour votre voiture
Convertir une ancienne voiture en électrique n’est pas un simple petit bricolage du dimanche. C’est un vrai projet technique, réglementé, qui demande un budget, du temps et un bon accompagnement. Mais bien mené, il permet :
- De prolonger la vie d’un véhicule qui vous tient à cœur.
- De réduire vos émissions à l’usage et vos passages à la pompe (qui deviennent… inexistants).
- De garder le charme de l’ancien avec le confort du moderne.
La clé, c’est de bien choisir son véhicule, son installateur et son kit, sans surdimensionner ses besoins. Mieux vaut une conversion raisonnable, fiable et bien pensée qu’un monstre d’autonomie qui explose le budget et le poids.
Si l’idée vous trotte dans la tête, commencez par faire un diagnostic de votre voiture et demander un devis détaillé à un installateur de retrofit de votre région. Vous verrez vite si votre projet a du sens… et si, bientôt, votre vieux compagnon de route se mettra à glisser en silence dans les rues, sans odeur d’essence, mais avec toujours autant de caractère.


